19 juillet, 2019
Bullshit Job : en français un « job à la con ».
C’est un emploi qui est si totalement inutile que même le salarié ne parvient pas à justifier son existence.
Il ne faut pas confondre bullshit job et job de merde. Un job de merde est un travail difficile et souvent mal payé, mais qui est utile pour la société. Par exemple, travailler pour la hotline d’une entreprise et recevoir des appels de clients mécontents toute la journée est un job de merde (et tout ça pour un salaire de misère), mais ce n’est pas un bullshit job.
Les bullshit jobs se trouvent principalement dans les grandes entreprises du privé et les administrations publiques. Dans les petites entreprises les gens ont tendance à effectuer un travail concret dont l’utilité est facile à mesurer, l’employé n’est pas noyé dans la masse.
L'anthropologue américain David Graeber a écrit un livre consacré à l’étude des bullshit jobs.
Voici quelques catégories de job à la con dont il parle dans son livre :
• Les larbins. Les jobs de larbins sont ceux qui ont pour seul but de permettre à quelqu'un de se sentir important. «Il existe encore des boulots de domestiques à l'ancienne, soutient David Graeber. À travers l'Histoire, les riches et les puissants ont eu tendance à s'entourer de serviteurs, de clients, de flagorneurs et autres laquais.»
• Les rafistoleurs. Qui sont les rafistoleurs ? Ceux dont le job n'a d'autre raison d'être que les anomalies qui entravent le bon fonctionnement une organisation. Ils sont donc là pour régler des problèmes qui ne devraient plus exister si ces anomalies avaient été corrigées. «Les premiers exemples de rafistoleurs auxquels on pense, ce sont des subalternes dont le boulot est de réparer les dégâts causés par des supérieurs hiérarchiques négligents ou incompétents», nous dit le livre Bullshit Jobs.
• Les cocheurs de case. Il s'agit d'employés dont la seule principale raison d'être est de permettre à une organisation de prétendre faire quelque chose qu'en réalité elle ne fait pas. Souvent on assiste au phénomène de la réunionnite : des réunions sans cesse, pour le principe, et sans intérêt apparent ni aucune prise de décision. Graeber explique que dans la majorité des cas, les cocheurs de case sont tout à fait conscients que leur job n'aide en rien la réalisation du but affiché. Pire encore : il lui nuit, puisqu'il détourne du temps et des ressources. «L'essentiel de mon travail consistait à interviewer les résidents afin de noter leurs préférences personnelles dans un formulaire, explique ainsi une employée qui était chargée de coordonner les activités de détente dans une maison de repos. Les résidents savaient très bien que c'était du pipeau et que personne ne se souciait de leurs préférences.»
• Les petits chefs. C'est peut-être le profil le plus connu... et le plus détesté aussi. Les petits-chefs se divisent en deux sous-catégories. Ceux du premier type n'ont qu'une fonction : assigner ou déléguer des tâches à d'autres. Ils peuvent être considérés comme le reflet inversé des larbins : ils sont tout aussi superflus, mais au lieu d'être les subordonnés, ce sont les supérieurs. Si cette première sous-catégorie est inutile, la seconde est nuisible : il s'agit des petits chefs dont l'essentiel du travail consiste à créer des tâches inutiles qu'ils confient à leurs subalternes, ou même à créer de toutes pièces des jobs à la con.
Multiplication des réunions, de la paperasse, des couches hiérarchiques, des sous-traitants… le pourcentage de jobs à la con dans le monde du travail serait monté en flèche, un phénomène en partie lié au gonflement du secteur de l’information, et de toutes les formes de travail immatériel. Des réunions interminables au cours desquelles des gens aux titres compliqués ("coordinateurs de la dynamique de la marque", "responsables de la vision prospective") déroulent des présentations Power Point, des rapports, des graphiques sur des sujets pour lesquels rien ne sera finalement jamais décidé.
Le problème principal posé par les jobs à la con, c'est que si l'on devait tous les supprimer, cela aboutirait assurément à augmenter le chômage dans proportions très importantes.
Le job à la con a donc une fonction sociale car il offre un salaire en échange du temps passé par l’employé à s’ennuyer au bureau. Parfois l’employé s’ennuie dans son job à la con et n’aime pas ce travail mais son niveau d’irritation n’est pas suffisant pour prendre le risque de passer à autre chose.
En principe quelqu’un qui bosse majoritairement en télétravail ne peut pas tomber dans les catégories « petit chef », larbin et « cocheurs de case». En effet le télétravail implique une organisation des équipes où ces «activités à la con» ne peuvent pas apparaître.
Un employé en télétravail peut être un rafistoleur. Par exemple un développeur informatique peut maintenir un système informatique obsolète car mettre en place un nouveau système informatique est jugé trop coûteux.
Prêt à trouver un job de rafistoleur en télétravail (humour...) ? ;)
Il est facile de parcourir les annonces de job à distance sur expedijob.
Articles les plus lus
Articles récents