Faire du télétravail sous les tropiques : c'est le quotidien des digital nomads de Bali

24 décembre, 2019


télétravail digital nomad

 

Télétravailler au soleil ? Beaucoup en rêvent, certains le réalisent. A Bali, nombre d'expatriés français cumulent des activités en free-lance (community manager, développeur Web, graphiste…) réalisables à distance tant que le WiFi fonctionne. Certains sont là comme salariés autorisés pour un temps à télétravailler à l'étranger. Mais comment est-il possible de bosser dans une carte postale ? Récits de Français délocalisés sur l'île indonésienne.

 

Bali, pourquoi est-elle devenue «the place to work» ?

 

Depuis quelques années, Bali apparaît très haut dans les classements des meilleures destinations pour les digital nomads, ces travailleurs qui voyagent ordinateur sous le bras. L'île offre de nombreux avantages : coût de la vie raisonnable, plages, population accueillante, bonne connexion Internet, nombreux cafés WiFi, multiplication des espaces de coworking, proximité du reste de l'Asie pour continuer son voyage. Le Vietnam, la Thaïlande et le Mexique font également partie des destinations prisées.

 

Bien négocier son départ

 

Julie, 38 ans, dont 10 comme documentaliste dans une agence de publicité, vit à Bali depuis juin 2018. «Je suis partie d'abord un an, en 2011, à l'île Maurice avec mon mari.» A l'époque, le télétravail est peu répandu dans son entreprise. Mais sa chef d'équipe la soutient : «Elle a négocié avec les RH avec trois arguments : elle ne voulait pas me perdre, l'expérience était à durée limitée et le décalage horaire de Maurice me permettait de livrer ma revue matinale avec deux heures d'avance sur la France.» Après un premier refus «pour ne pas créer de précédent», Julie obtient le feu vert et un contrat de détachement pour un an. De quoi prouver la viabilité du modèle à son employeur. Quelques années plus tard, la voici à Bali, dans la petite ville de Canggu.

 

Un choix orienté par le faible coût de la vie, le climat et, toujours, ce décalage qui rend le travail en horaires différés plus agréable qu'une vacation de nuit à Paris !

 

Instaurer des rituels

 

Mais attention, le télétravail longue durée et longue distance nécessite de l'organisation et de la rigueur de la part des salariés délocalisés. D'abord, trouver un bureau, plutôt que bosser chez soi. Chaque matin, Julie file au café WiFi près de chez elle, où son habituel latte arrive sans qu'elle n'ait plus à le commander, ou dans un bureau partagé du centre-ville, fréquenté par les digital nomads, en face du Dojo, le plus grand espace de coworking de Canggu.

 

Elle y côtoie Charles-Louis Allizard, un Normand de 34 ans, installé à Bali depuis deux ans.

 

Arrivé en indépendant, lui a été recruté en début d'année comme product manager par Fizzer, une entreprise française de cartes postales. Son profil de télétravailleur a séduit l'entreprise, dont les collaborateurs sont répartis entre la Normandie, Québec, Cracovie et Barcelone. A Bali, Charles-Louis vit une routine ultra répétitive : «Lever 5 h15, surf, café et travail à partir de 7 h.» Il est alors minuit en France. «Je ne suis pas dérangé par les collègues !
Je reste concentré jusqu'à 16 heures (11 heures en France). Et je m'offre le luxe d'une sieste !» La fin d'après-midi, c'est rendez-vous téléphoniques et réunions en visioconférence. «Je produis le matin et je manage l'après-midi», résume Charles-Louis, qui s'arrête vers 18 heures. Le soir, coucher de soleil sur la plage avec une paille plantée dans une noix de coco.

 

Échanger les potins

 

Social media manager chez Flexjob, Clément Ract, 23 ans, a proposé d'exercer son job… à Bali, pour six mois. «L'entreprise défend une vision dans laquelle le travail n'est pas associé à un lieu en particulier. Ça n'a pas été difficile de les convaincre !» Prudent, Clément évite toutefois de narguer ses douze collègues lyonnais en postant des photos de sable fin et de couchers de soleil… Il a même parfois des moments de solitude et l'impression de rater des choses de la vie du bureau ! «Éloigné comme ça, on perd toutes les discussions informelles. On a donc mis en place des points téléphoniques réguliers pour que je sois au courant de tout.»

 

Extrait du site capital.fr