Coronavirus : les entreprises du Web ont fait d’énormes investissements pour le développement du télétravail

Les locaux des entreprises du Web sont devenus fameux dans les médias. Les employés des plus grandes sociétés Internet y bénéficient d'avantages tels que trois repas gratuits par jour, des tables de ping-pong et des terrains de basket-ball, des happy hours et des campus luxuriants et magnifiques. Mais à l’heure actuelle la plupart de ces locaux sont vides d’employés.

Google a déclaré que ses employés ne retourneraient pas au bureau avant juillet 2021. De nombreuses autres entreprises gardent leurs employés en télétravail jusqu'à la fin de l'année au moins.

Pour certains, le travail à domicile est un avantage. Les employés n'ont plus à supporter la circulation. Les parents ont plus de temps à consacrer à leurs enfants et la garde des enfants peut être plus facilement organisée là où les écoles restent fermées.

Mais pour les jeunes employés ambitieux qui vivent seuls dans des studios ou dans des logements partagés et exigus, cette nouvelle vie est plus délicate.

"Être coincé à la maison et ne pas avoir de colocataires peut rendre fou. Les repas à la cantine manquent aux gens", explique un employé de Google. "Je connais quelques Googlers qui mangeaient uniquement à la cantine, donc leurs dépenses ont considérablement augmentées."

Un an de plus de travail à domicile n'est pas le résultat que beaucoup d'employeurs avaient prévu lorsqu'ils ont renvoyé leurs employés chez eux en mars. Si vous pouvez travailler avec votre ordinateur portable sur la table de la cuisine ou sur votre canapé pendant quelques semaines, 18 mois de travail à domicile ne manqueront pas d'obliger les entreprises à investir.

Des entreprises technologiques comme Google et Shopify ont donné à leurs employés 1 000 dollars chacun pour qu'ils investissent dans des équipements tels que des webcams.

Darren Murph, directeur du remote au GitLab, une entreprise entièrement remote qui fabrique des outils de gestion de projets, a déclaré que les travailleurs se rendent compte qu'ils sont dans le long terme et investissent maintenant dans des claviers ergonomiques et des casques anti-bruit. "Pour les personnes chanceuses, leur entreprise leur permet de le faire. Peut-être leur accordent-ils une allocation, ou des politiques de dépenses beaucoup plus laxistes afin qu'ils puissent acheter certains des équipements qui les rendaient productifs au bureau et dont ils vont maintenant avoir besoin à long terme dans leur espace de travail à domicile", a-t-il déclaré.

Certains changements sont encore plus fondamentaux. Jeremy Jepperson, responsable des opérations de la société d'externalisation du service client Everise, explique que sa société achète des milliers de terminaux qui peuvent être emballés et déplacés à domicile avec un employé si nécessaire. Auparavant, ses centres d'appels s'appuyaient sur des ordinateurs de bureau statiques qui ne pouvaient pas être facilement déplacés.

"En général, un PC a une durée de vie d'environ trois ans. Nous avons probablement acquis environ 1 500 ou 2 000 nouvelles machines au cours des 60 ou 75 derniers jours. C'est un investissement de plusieurs millions de dollars quand on commence à y penser, sur une période de six mois ou d'un an". Après "trois semaines d'enfer" au début des blocages mondiaux, l'entreprise se méfie maintenant de revenir en arrière trop tôt. "Quand vous avez une épidémie de Covid dans un centre, vous devez fermer tout le monde et les mettre en quarantaine. Je ne veux pas que cela se produise parce que cela perturbe nos employés et nos clients".

L'entreprise reconsidère les baux à long terme qu'elle avait conclus pour les grands espaces de bureaux utilisés pour les centres d'appels et a quitté un bâtiment lorsque le propriétaire a voulu signer un bail de dix ans. Au début de la pandémie, 90 % des employés étaient basés dans des bureaux, et aujourd'hui, 90 % d'entre eux travaillent à distance. Même lorsque la crise actuelle s'atténuera, il pense que le ratio sera plus proche de 50/50. "Je pensais personnellement que cela allait durer entre trois et six mois quand ça a commencé. Je ne pensais pas que ce serait plus d'un an, mais maintenant mon horizon est de 12 à 18 mois".

Mark Lee, directeur général de Splashtop, une entreprise de logiciels d'accès à distance, a déclaré que la demande pour ses services avait décuplé au cours des trois premiers mois de la pandémie et qu'elle avait encore augmenté depuis. Le logiciel repose sur l'utilisation d'ordinateurs personnels connectés à distance à des postes de travail au bureau. Parmi ses clients figurent le cabinet d'architecture britannique BDP.

De nombreuses craintes des clients concernant le travail à distance - que les employés se relâchent au milieu de la journée, que la productivité baisse et que les gens aient des problèmes techniques insurmontables - ont été surmontées, a-t-il dit.

"Non seulement la productivité ne s'effondre pas, mais dans de nombreux cas, elle est même plus élevée qu'auparavant", a-t-il déclaré. La plupart des entreprises s'accordent à dire que les choses ne redeviendrons pas exactement comme avant. Trop de temps et d'argent ont été consacrés à la formation, au matériel et aux logiciels. Plus la culture du travail à distance se prolonge, plus elle s'enracine.

Travailler à domicile ou au bureau

Les employés peuvent travailler à domicile pendant la moitié de la semaine ou ne venir que pour des formations ou des réunions importantes. Les entreprises peuvent faire d'énormes économies sur les locaux, en particulier dans la région de San Francisco, où Google est basé.

"Beaucoup des pratiques de travail à distance vont se poursuivre, et nous pourrions aussi en adopter certaines pour le travail dans les locaux, et il y aura probablement une énorme augmentation de la flexibilité sur le lieu de travail", a déclaré Aaron Levie, directeur général de la société de stockage en ligne Box, qui a déclaré que le personnel pourra travailler à domicile au moins jusqu'en janvier de l'année prochaine.

"Le fait de pouvoir travailler à domicile quelques jours par semaine, ou de pouvoir adapter ses horaires de travail pour être plus flexible ou pour réduire ses déplacements professionnels, voilà le genre de choses qui, je pense, va se produire à long terme".

Certaines entreprises technologiques adoptent une approche encore plus radicale. Twitter et Facebook ont tous deux déclaré que certains travailleurs n'auront plus du tout besoin de revenir au bureau.

L'entreprise HackerOne, basée à San Francisco, avait déjà 30 employés travaillant à distance avant la pandémie. Elle maintient tout le monde en télétravail jusqu'en janvier, et la directrice du personnel, Rana Robillard, a déclaré qu'elle s'attendait à ce que même après la crise, 60 à 70 % des employés travaillent encore à distance.

Après que des enquêtes menées auprès des employés aient montré des niveaux élevés d'épuisement professionnel dû à la garde d'enfants et à l'absence de limites autour de la journée de travail, elle a mis en place des "mercredis du bien-être" où tout s'arrête à 14 heures, et organise des séances de yoga et de méditation pour le personnel.

"Les entreprises technologiques vont avoir tendance à être des innovateurs et vont se poser la question : pourquoi devons-nous être au bureau ? Y a-t-il une raison à cela ? Y a-t-il quelque chose qui nous échappe et que nous n'arrivons pas à réaliser en n'étant pas au bureau ? Et comment pouvons-nous encore trouver un moyen d'y parvenir".